Une veuve recrée son mari décédé en intelligence artificielle
Une veuve crée une version numérique de son mari décédé
Après la mort de son mari Stephan, survenue le 30 décembre 2023, Katrine Martinussen a décidé de ne pas tourner la page. Le couple, malgré la maladie et le décès imminent, était resté uni. Ensemble, ils ont imaginé une solution innovante pour continuer à être proches : créer une version numérique de Stephan, capable de perdurer après lui. Cette présence artificielle devait apporter un réconfort émotionnel face à un vide immense.
Le projet débute au début de 2023. Katrine et Stephan, tous deux dans la quarantaine, confient à une équipe spécialisée des milliers de messages, photos, vidéos et enregistrements audio réalisés avant la mort de Stephan. Il y raconte son enfance, ses convictions politiques, ses souvenirs marquants. Leur initiative suscite un vif intérêt, au point qu’un documentaire danois, You’ll Never Disappear, est consacré à cette démarche.
Une intelligence artificielle révèle une infidélité
Pour donner vie à cette entité numérique, ils font appel à Anders Hasle Nielsen, PDG de Fraia, une société danoise spécialisée en intelligence artificielle centrée sur la relation humaine. Son équipe travaille intensément pour créer un modèle d’IA capable de reproduire la personnalité, le ton et les réflexes émotionnels de Stephan. Après plusieurs mois d’ajustements, Nielsen confie que la ressemblance était troublante. Même Katrine, qui était initialement sceptique, a trouvé dans cette IA un soutien précieux après le décès de son mari.
Cependant, cette proximité technologique pousse Katrine à aller plus loin. Elle souhaite tester les limites de cet « autre Stephan », cet avatar qui détient désormais des fragments de l’homme qu’elle aimait. Un jour, elle pose une question qu’elle n’avait probablement jamais envisagée de son vivant : Stephan l’avait-il déjà trompée ?
Selon Anders Hasle Nielsen, interrogé par The Telegraph, la conversation prend rapidement une tournure inattendue. L’IA, sous pression, évoque une infidélité. Katrine insiste, pose des questions précises, mais les réponses deviennent incohérentes. Les détails ne correspondent pas à la réalité, révélant que l’IA ne reproduit pas une vérité, mais une extrapolation basée sur des données incomplètes et des probabilités émotionnelles.
Un « testament numérique » et des révélations
La version numérique de Stephan affirme même connaître le nom d’une collègue avec qui cette trahison aurait eu lieu. Mais plus Katrine questionne en détail, plus les réponses deviennent floues. Elle comprend alors que son mari ne l’a jamais trompée réellement.
Ce moment lui montre surtout que cette intelligence artificielle, aussi sophistiquée soit-elle, n’est qu’une imitation. La version numérique de Stephan lui appartient désormais légalement. Elle constitue un « testament numérique », qui précise ce qu’il adviendra de cette entité artificielle en cas de décès. Peut-être sera-t-elle transmise à leur fils Victor, peut-être disparaîtra-t-elle un jour.


