Jeunes en crise : 67 % vivent moins bien que leurs parents
Un fossé générationnel en pleine expansion
Le débat sur le budget de la Sécurité sociale met en lumière un constat alarmant : selon une étude du Haut-commissariat au plan, 67 % des Français de moins de 35 ans estiment vivre moins bien que leurs parents. Ce sentiment de déclin se traduit concrètement dans la vie quotidienne de nombreux jeunes actifs, notamment en matière de logement et de patrimoine.
La jeunesse face à des difficultés croissantes
Par exemple, Katy, 29 ans, ingénieure en recherche et développement, témoigne de ses difficultés. Installée à Versailles, elle s’arrête devant une agence immobilière et regarde les prix affichés. Elle constate : « Je vois des 3 pièces de 80 m² pour 499.000 euros. Bon, là, je ne pourrais pas l’acheter. » Actuellement, elle vit dans un T3 avec son compagnon et leur enfant, payant un loyer de 1.400 euros par mois, alors qu’elle aurait voulu acheter un logement. Elle se souvient qu’un appartement similaire était en vente à 400.000 euros, mais le montant du prêt aurait été trop élevé. Elle espère que dans quelques années, une acquisition sera possible.
Une baisse du pouvoir d’achat et un décrochage patrimonial
Les chiffres confirment cette impression. En 1975, il fallait dix ans pour rembourser un prêt immobilier classique. Aujourd’hui, ce délai est passé à 23 ans. Malgré un doctorat (bac +8), Katy ne gagne que 2.300 euros nets par mois. Elle explique : « Je fais le boulot correspondant à mon niveau d’études, mais on est moins bien payés aujourd’hui que des personnes avec le même niveau d’études il y a 40 ans. »
Les inégalités patrimoniales se creusent également. En moyenne, une personne de plus de 70 ans possède un patrimoine quatre fois supérieur à celui d’un jeune de la trentaine. Ce décalage alimente le ressentiment de certains jeunes, notamment envers les retraités. Katy dénonce : « Les retraités d’aujourd’hui n’admettent pas la chance qu’ils ont eue. Ils ont bénéficié d’augmentations de salaire importantes et de prix de biens beaucoup plus bas. »
Un sentiment d’injustice et un dialogue de sourds
Ce décalage de perception génère parfois un malaise profond. Nadine, 71 ans, évoque ses propres difficultés de jeunesse en précisant qu’elle touche 1.600 euros par mois et ne voit pas les retraités comme étant trop favorisés. Katy nuance cependant : « Aujourd’hui, la génération retraitée est celle qui épargne le plus. »
Malgré ces différences, certains éléments positifs émergent. Les jeunes d’aujourd’hui gagnent en moyenne 12 % de plus qu’il y a 50 ans, disposent de plus de temps libre et bénéficient de progrès en matière d’égalité hommes-femmes. Clément Beaune, haut-commissaire au plan, rappelle que : « Il y a des aspects de déclassement, mais aussi des éléments qui montrent que la situation s’est améliorée. Cela doit inciter à agir pour la jeunesse. »


