« J’ai fait l’amour dans un cinéma sous le regard d’inconnus et j’ai adoré » (Isabelle, 35 ans)

Le couple a partagé une expérience qu’il n’est pas prêt d’oublier…

Je connaissais ce cinéma de réputation. Depuis un moment, l’idée de m’y rendre me traversait l’esprit, comme un fantasme irréalisable, à la fois excitant et effrayant. J’imaginais un endroit glauque et mal fréquenté. Pourtant, la curiosité grandissait en moi. J’avais ce désir de prendre du plaisir en public et d’assumer ce côté de moi que je cache d’ordinaire. 

Quand j’ai commencé à fréquenter Damien, nos conversations sur nos envies et nos fantasmes ont fait remonter cette idée. Avec lui, tout était simple : il était ouvert, bienveillant, et prêt à explorer de nouvelles expériences. Un soir d’hiver, en pleine semaine pour éviter la foule, nous avons décidé de franchir le pas. En entrant, j’ai découvert un vieux théâtre transformé : fauteuils usés, rideaux rouges un peu élimés, ambiance feutrée. Le silence était étrange, fait de respirations contenues et de regards attentifs. Nous nous sommes installés dans la section réservée aux couples, au rez-de-chaussée. Je tremblais, mais ce n’était pas de peur, c’était de l’adrénaline.

Au début, nous nous sommes contentés de nous coller, de nous embrasser. Autour, quelques hommes observaient en silence. Je sentais leurs yeux suivre le moindre de mes gestes. Contre toute attente, cela ne m’a pas freinée. Au contraire, c’est comme si cette présence rendait chaque sensation plus intense. Je n’étais plus seulement avec lui, j’étais aussi face à eux. Je me suis laissée aller. Ses caresses devenaient plus intimes, ses baisers plus ardents. Mon cœur battait à tout rompre. Le film projeté sur l’écran s’effaçait, tout comme les autres couples autour de nous : c’était ma propre histoire qui se déroulait. Quand je me suis agenouillée devant lui, j’ai levé les yeux, je l’ai vu, lui, mais aussi les silhouettes derrière. Pour la première fois de ma vie, ce mélange d’intime et de public m’a donné un sentiment de puissance.

Nous avons fini par faire l’amour, là, dans cette pénombre chargée d’attentes. Je sentais la chaleur de son corps, le rythme de ses mouvements, mais aussi l’énergie de la salle. Les soupirs retenus, les respirations plus fortes, l’électricité dans l’air. Puis l’orgasme est arrivé. J’ai crié, incapable de retenir ce plaisir qui montait en moi comme une vague. Pendant quelques secondes, j’ai eu l’impression que toute la salle s’était figée, comme si chaque spectateur suspendait son souffle pour écouter ce cri. Ce n’était pas de la honte, ni de la peur, c’était un vertige joyeux, un abandon total. Je me sentais forte, intensément vivante, heureuse d’avoir osé franchir cette frontière.

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Source : Journal des femmes