Ces dernières semaines, le terme « shrinkflation », venu de l’anglais, est devenu familier en raison de l’inflation croissante. Les industriels de l’agroalimentaire ont recours à cette pratique pour masquer l’augmentation des prix. Elle attire l’attention du gouvernement et suscite des opérations de communication au sein de certaines chaînes de distribution.
La Shrinkflation : Réduire sans Augmenter
Qu’est-ce que c’est ? La shrinkflation vise à retirer quelques grammes ou centilitres d’un produit tout en maintenant son prix inchangé. Cette pratique est devenue possible en France depuis 2009, suite à la transposition d’une directive européenne autorisant les agroindustriels à déterminer les quantités dans leurs emballages. Elle est particulièrement employée en période d’inflation. Grégory Caret, directeur de l’Observatoire de la Conservation à l’UFC Que Choisir, souligne que si auparavant elle était utilisée pour dissimuler une hausse des tarifs, aujourd’hui elle sert davantage à les réduire.
L’Hypocrisie de la Grande Distribution
Selon Olivier Dauvers, journaliste spécialiste du commerce, la dénonciation de la shrinkflation par la grande distribution relève de l’hypocrisie. Pendant des années, elle a accepté de référencer des produits malgré cette pratique et l’a même parfois utilisée pour ses marques distributeurs. Dauvers estime que cette dénonciation actuelle n’est qu’une opération de communication pour se présenter comme une enseigne défendant les consommateurs.
Des Limites Morales, Mais Pas Légales
Bien que moralement discutable, la shrinkflation n’est pas illégale. Tant que la marque indique la bonne contenance sur l’emballage, rien ne l’empêche de pratiquer la shrinkflation. Carrefour n’a identifié que 26 produits utilisant cette pratique à ce jour, mais doit prendre des précautions avant de pointer du doigt un produit, sous peine de conséquences juridiques.
Des Mesures Politiques en Cours
Bruno Le Maire a annoncé qu’un texte de loi serait présenté début octobre, exigeant que les industriels indiquent clairement la réduction de contenu lorsqu’ils conservent le même emballage. De son côté, la députée LFI Mathilde Panot souhaite interdire totalement cette pratique. Cependant, selon Olivier Dauvers, cette interdiction serait impossible car la shrinkflation n’est pas illégale en soi. Ce qui serait répréhensible, c’est si la marque annonce une certaine quantité sur l’emballage et n’en livre qu’une partie.
L’UFC Que Choisir : Lutter Contre l’Envolée des Prix
L’association UFC Que Choisir estime que les propositions visant à combattre la shrinkflation détournent l’attention du problème principal : l’augmentation des prix alimentaires. Elle appelle le gouvernement à agir pour faire baisser ces prix.