Selon Louise Jussian, chargée d’études à l’IFOP (Institut français d’opinion publique), « la consultation du téléphone portable à l’insu de son partenaire est une pratique courante chez les jeunes et très genrée ».
En effet, une enquête menée par l’IFOP pour le Journal du Geek a révélé que 40% des Français espionnent le téléphone de leur partenaire, une pratique également connue sous le nom de « snooping » dans les pays anglo-saxons.
Ce pourcentage a considérablement augmenté ces dernières années, alors qu’en 2019, seuls 6% des Français interrogés avaient admis avoir consulté le téléphone de leur partenaire à son insu.
Les chiffres de l’IFOP montrent que ce phénomène est particulièrement répandu chez les moins de 35 ans, où 67% des femmes et 56% des hommes ont déclaré avoir déjà espionné le téléphone de leur partenaire, contre 36% et 30% chez les plus de 35 ans.
Cela s’explique par l’importance des smartphones dans la vie des jeunes générations, qui considèrent leur téléphone comme un outil indispensable de communication et qui y stockent des informations personnelles telles que des photos, des messages et des comptes de réseaux sociaux.
Les éléments les plus souvent espionnés sont les messages privés du partenaire, suivis des photos et vidéos, des personnes suivies sur les réseaux sociaux, de l’historique des appels et des contacts.
Cependant, cette pratique n’est pas à banaliser, comme en témoigne la présence d’une colonne « Fouiller les textos, mails, applis » sur le violentomètre, un outil créé en Amérique Latine et popularisé en France depuis 2018 pour mesurer la violence dans les relations amoureuses. En effet, l’enquête de l’IFOP montre que les personnes qui ont été victimes de snooping sont également plus susceptibles d’avoir subi de la manipulation, de l’isolement de la part de leur partenaire ou de violences physiques. Selon Louise Jussian, ces atteintes à la vie privée numérique peuvent être symptomatiques d’une violence ou d’une emprise au sein d’un couple.