Des jeunes femmes sur les réseaux sociaux, comme Instagram, TikTok ou YouTube, surnommées « les skinny » (les maigres en anglais), ont une obsession : avoir des formes avec des fesses et des seins volumineux. Pour y parvenir, elles consomment un médicament en vente libre appelé Periactine, vendu à moins de 10 euros la boîte, qui leur permet de prendre rapidement du poids. Les photos avant et après montrent des prises de poids spectaculaires en quelques semaines seulement. Le principe actif de Periactine est la cyproheptadine, un médicament destiné aux personnes allergiques, qui n’est pas un complément alimentaire.
En mars, la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT) a lancé une alerte sur ce phénomène, estimant que « le rapport bénéfices/risques de la cyproheptadine devrait être réévalué en vue du retrait de son autorisation de mise sur le marché ou au minimum de son inscription sur une liste à prescription obligatoire ». Le Dr Laurent Chouchana, en charge de la pharmacovigilance de cette molécule et membre de la SFPT, explique que la cyproheptadine est un médicament très ancien commercialisé en France depuis les années 60, qui a été dépassé par des molécules bien plus performantes et n’est plus prescrit.
Les pharmaciens affirment ne vendre que très rarement ce médicament, mais il est également accessible en ligne où son achat est souvent couplé à d’autres aides à la prise de poids, comme les graines de fenugrec. L’Agence du médicament (ANSM) n’a pas constaté d’augmentation des ventes, mais réalise une analyse de la situation.
Cependant, l’utilisation de cyproheptadine pour induire une prise de poids à des fins esthétiques est potentiellement dangereuse et non conforme, selon l’ANSM. Les effets secondaires de la cyproheptadine peuvent inclure des somnolences, des convulsions, des hallucinations et des problèmes hépatiques, sanguins et cardiaques, en particulier en cas de surdosage. Des utilisatrices en ligne se plaignent également de dormir tout le temps et d’avoir mal au ventre.
Le mésusage de la cyproheptadine est apparu en Afrique dans les années 2000, avant l’avènement des réseaux sociaux. Une étude scientifique menée en République démocratique du Congo en 2011 a révélé des cas d’obésité causés par une dépendance à la cyproheptadine.
